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Prélever les nuisibles, une solution « peu efficace », selon les associations

Pour les associations de protection de la biodiversité et des animaux sauvages, les prélèvements d'espèces nuisibles seraient peu efficaces pour réduire les dégâts occasionnés à l'agriculture.

Prélever des espèces permet-il de réduire les dégâts qui leur sont attribués ? Non, répondent des associations de protection de la biodiversité en s’appuyant sur une étude qui discute l’efficacité de ces prélèvements.

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Les espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod) peuvent nuire à la faune, la flore, la santé humaine, celle du bétail, et occasionner des dégâts sur les activités agricoles, ou les biens matériels. Renard roux, blaireau, belette, corneille noire, pie bavarde, geai des chênes, fouine… Le prélèvement de ces espèces s’appuie sur un raisonnement : diminuer le nombre d’individus permet de réduire leurs dégâts.

Évaluer l’impact des prélèvements sur les dégâts

Ce raisonnement ne convainc pas les associations de protection de la biodiversité. En partenariat avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a réalisé une synthèse des connaissances de la littérature scientifique dans l’objectif d’évaluer les effets des prélèvements des espèces nuisibles sur la réduction des dégâts occasionnés.

Pour ces associations, les prélèvements des Esod afin de réduire des dégâts posent question, « en particulier dans un contexte de déclin de la biodiversité ». En ce qui concerne l’aspect financier, les associations concluent que les dépenses induites par les prélèvements sont plus importantes que « les économies dues aux dégâts évités ». Pour la FRB, « les dégâts matériels et les coûts associés aux Esod devraient être mis en balance avec les bénéfices apportés par ces espèces ».

Peu de résultats positifs des prélèvements

Pour la FRB, « recourir aux prélèvements d’Esod de manière systématique pour réduire les dégâts semblerait être une solution peu efficace ». Pourquoi ? Parce que les études scientifiques sur les effets de ces prélèvements vis-à-vis des dégâts sont rares, ou « ne montrent que peu de résultats positifs », estime-t-elle.

La fondation considère que les prélèvements d’espèces « ne permettent pas nécessairement de diminuer les abondances des populations des espèces ciblées ». L’effet des prélèvements pouvant être compensé par « l’immigration de nouveaux individus, ou par une meilleure survie des individus non touchés ».

De même, selon ces résultats, les prélèvements d’Esod n’ont pas augmenté ou réduit le déclin des populations des espèces de faune à préserver : « 70 % des études portant sur les dégâts sur la faune montrent que le prélèvement d’Esod n’a pas d’effet significatif sur la réduction de leur prédation sur la faune ». Le FRB argumente également qu’il demeure difficile d’attribuer un dégât à une espèce, et donc de focaliser les prélèvements sur une seule espèce, en raison de la complexité des réseaux trophiques.

La fondation conclut que pour « détruire des êtres vivants », l’opération devrait être « justifiée par l’urgence à agir pour empêcher un dégât jugé grave par des critères objectifs et mesurables, par l’absence de mesures alternatives, et par une preuve de l’efficacité de la destruction ». Une dernière condition qui dans la majorité des cas étudiés, ne semble pas être satisfaite du point de vue de la FRB et des associations de protection de la biodiversité.

Mettre en place d’autres mesures

À travers la synthèse réalisée, les associations retiennent quatre alternatives aux prélèvements d’Esod :

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